jeudi 3 avril 2008

Un lyon dans la jungle parisienne

Voici un article que j'ai rédigé pour le magazine Lyon Mademoiselle en avril 2008 et qui vient tout juste de paraître alors régalez-vous!



Septembre 2007, jeune étudiante, je débarque à Paris bourrée de stéréotypes. Je me dis « Paris sera toujours Paris, pour le pire et le meilleur ». Jeune naïve que je suis…

Premier jour, je décide de me confronter directement (eh oui, je n’ai peur de rien) au métro, histoire de le comparer à celui de Lyon. Surprise, je me dis que finalement les odeurs que je redoutais ne sont qu’illusions. Bercée par ce doux rêve, je monte dans la rame et en descends deux arrêts plus loin. Et là je retourne au temps de Lutèce, où les égouts n’existaient pas. Seule différence ici : ils existent, mais on peut se demander suivant le quartier, à quoi. Les pigeons picorent gentiment les restent des beuveries de la veille sur le trottoir d’en face, entre deux « souvenirs » canins que les propriétaires des chiens ont dû laisser à notre intention. Charmant ces Parisiens.

Désireuse de garder ma bonne humeur (pour tout raconter à Papa et Maman quand ils vont m’appeler ce soir), je continue mon escapade. Je reprends le métro. Et là : aïe ! On me marche dessus, on me pousse, j’en fais autant et personne ne lève la tête, peut-être de peur que quelqu’un s’aventure à sourire ! Et bien sûr, histoire de rester dans un contexte olfactif « fort », un SDF monte pour faire la manche. J’aimerais faire un geste mais à chaque arrêt, un nouveau nous attend la main tendue. Puis dans la montée d’escalier. Et dehors. Et encore plus loin.
Je décide de m’allumer une cigarette ; je n’avais pas fais 50m que trois personnes m’en avaient demandé une… Ça commence bien !
Au cours de l’année, une choses étrange m’ait apparu dans le métro : les gens courent pour le prendre alors qu’un autre vient 2mn après, mais une fois sur l’escalator, ils patientent. J’en cherche encore le sens, pourtant ils devraient en profiter pour se faire un peu les cuisses. Eh oui en bonne Mademoiselle, je pense à ma forme !

Le soir de ma première sortie, lorsque je me suis enfin convaincu que je ne risquais pas d’être étranglée ou dépouillée à chaque coin de rue, je décide d’aller au restaurant sur les Champs-Élysées, histoire de rester dans les stéréotypes. Quelle ne fut pas ma surprise de voir la fréquentation de cette magnifique avenue : « wesh-wesh ; check mon frère ; t’es bonne » et je vous passerai les plus « expressives ». Entre deux grandes marques de mode, on me siffle. Y a-t-il un pet shop dans le coin ? Mais je dois avouer que les trottoirs sont plus propres qu’ailleurs (en dehors des crachats). Il faut savoir que les Champs-Élysées, aussi beaux soient-ils, sont assez mal fréquentés, ainsi que Châtelet, par exemple. Papaaaaa, protège-moi !! Ce soir, je l’appelle et je lui demande des gardes du corps (est-ce exagéré ?!).

Il faut prévoir son budget lorsque l’on veut sortir car vivre à Paris est un gouffre sans fin, même pas un investissement ; je regrette Lyon. Cependant, il ne faut pas généraliser. Pour citer un exemple, j’ai invité des amis un WE en campagne chez mes parents, et le soir au restaurant, ils ont eu un cri de stupeur : « Il y a un problème ! – Pourquoi ? – Pas un seul prix n’est au-dessus de 20 euros ! ». Eh oui, le coût de la vie à Paris est multiplié par trois par rapport à la Province. Mais comme la plupart ne connaissent que Paris et la Côte d’Azur, ils ne sont pas dépaysés. Aller dans un restaurant est un périple car vous n’êtes pas sûr d’en ressortir sans une intoxication alimentaire. Et attention si vous renversez votre verre, vous le paierez sans qu’il soit remplacé.

Le Parisien est aussi un expert du Guide du routard. Aventurier et doué pour la géographie, un ami Parisien me dit l’autre jour : « Je suis parti un WE à l’étranger – Où ? – À Deauville ». Et oui, grâce à ceux qui se prennent pour « la » France, on redessine les pays ! Il faut toutefois préciser, pour mieux comprendre, que beaucoup pensent que le reste de la France se déplace en tracteur, même au cœur de Lyon. Ça laisse rêveur…

Une des dernières expériences qui m’ait marqué durant l’année est : les garçons. Pardon Papa, je suis en âge de les regarder, et plus si affinité… Avant d’entrer dans les détails, il faut savoir que Paris, qui est une ville superbe malgré tout, vit 24/24H. Les gens sont mous (ils me fatiguent par leur langueur ; les Lyonnais étant beaucoup plus actifs et rapides finalement), bloqués dans un rythme « standard » tellement il y a de monde sur de tout petits trottoirs. Mais il faut que tout aille vite. Du coup pour la drague, c’est pareil ! Les mecs sont gentils, le temps de prendre votre numéro, et si vous ne vous transformez pas en libertine sur les champs, ils vous disent « J’ai perdu mon temps, j’ai pas le temps pour des amis, j’en ai assez » mais la vérité, c’est que chaque Parisien se sent bien seul. Les hommes veulent se… soulager, et les femmes aussi. Et là débute la grande rigolade : les deux veulent s’amuser, mais la femme, connaissant la réaction de l’homme, ne veut pas servir d’en-cas, et l’homme devient plus agressif. Du coup, chacun a trop envie et personne ne fait rien. Soyez rassurés chers parents.

Malgré quelques styles incongrus, Paris se démarque bien comme la capitale de la mode : toutes les jeunes filles sont à la pointe du fashion. Du coup, elles sont toutes habillées pareil mais te disent qu’elles ont une vraie personnalité. Amusant.

Au bout d’un an passé à Paris, je soupèse le pour du contre et je me dis que finalement, j‘y suis pas si mal. Mais confidence pour confidence, Paris serait mieux… sans les Parisiens, qui n’ont fait que renforcer mes stéréotypes toute l’année. Bah, je ne vous en veux pas, je vous aime bien quand même.


Anne-Line Gayet

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