lundi 27 avril 2009

l'art iranien, une tendance qui s'est imposée

article septembre 2008
La cote de l'art contemporain iranien décolle.

Les vernissages se multiplient, les artistes sont courtisés et les prix multipliés par 20 ou 30. C'est la ruée vers l'art contemporain iranien.

Loin des rumeurs de guerre contre le programme nucléaire du pays, ou des difficultés économiques, une classe aisée fait grimper la cote des artistes. Les plus aventureux achètent même la totalité des oeuvres d'un peintre avant même leur exposition dans une galerie. "Pendant 30 ans, personne ne s'intéressait à nous. Aujourd'hui, tout le monde veut acheter. C'est la ruée", affirme le grand sculpteur Parviz Tanavoli (72 ans). "Les gens ont de l'argent. Ils avaient l'habitude de le placer dans l'immobilier, aujourd'hui, ils voient qu'il y a aussi d'autres placements", ajoute-t-il.

Stagnante depuis la révolution islamique de 1979, la cote de certains artistes est brusquement passée d'environ 2.000 dollars à plus de 20.000 ou 30.000 dollars en moins de 2 ans. Un déclencheur de la hausse a été une vente en mai dernier chez Christie's à Dubaï. Une sculpture de Tanavoli, Persepolis, s'est arrachée pour 2,8 millions de dollars, le record pour un artiste contemporain iranien. Le jeune Farhad Mochiri a vu lui un de ses tableaux partir à 750.000 dollars. Le succès de la vente s'est répercuté sur le marché intérieur.

"Malgré la hausse des prix, il y a encore plus d'acheteurs qu'avant. Beaucoup veulent faire des investissements", raconte Shahnaz Kansari, qui dirige la galerie Mah (Lune).

Un phénomène identique est intervenu depuis plusieurs années en Russie, puis en Chine et en Inde, avec une envolée des prix. "Je crains que cette vague ne soit qu'une bulle spéculative qui va un jour exploser", dit Amirhossein Etemad, qui dirige la galerie Negarkhaneh Etemad. "Mais il est vrai que les prix étaient très bas auparavant", admet-il. Le marché se limitait alors à une poignée d'expatriés et de rares amateurs iraniens sans grande fortune.

L'exposition des artistes au marché étranger pourrait avoir des effets bénéfiques, selon M. Tanavoli, qui espère que l'Iran ait à terme entre 10 et 15 artistes "qui auront leur mot à dire au niveau international. Ce serait un succès important pour le pays". Actuellement, la plupart des acheteurs d'œuvres iraniennes à Dubaï, Londres ou Paris sont eux-mêmes Iraniens, mais les collectionneurs étrangers pointent le bout de leur nez.

"Nous sommes au début du chemin. Il y a de plus en plus d'expositions individuelles d'artistes iraniens à l'étranger", affirme la peintre Farideh Lachaie, qui expose bientôt au Canada.

"L'Iran était surtout connu à l'extérieur par les noms des poètes anciens comme Hafez, Ferdowsi ou Rumi. Aujourd'hui, la peinture et la sculpture contemporaines ont aussi leur mot à dire", ajoute-t-elle.

Le cinéma iranien a ouvert le chemin avec les oeuvres d'Abbas Kiarostami à la fin des années 1980. "Comme pour le cinéma, les gens ne s'attendaient pas à voir des peintures ou des sculptures de cette nature venant d'Iran. Ce qui explique peut-être ce succès", estime la peintre. En tout cas, le mouvement ne peut que renforcer l'intérêt des jeunes iraniens, déjà très nombreux à intégrer les facultés d'art.

"Chaque année, quelque 150 jeunes sculpteurs et plus de 600 jeunes peintres sortent des facultés d'art. Certains sont très prometteurs", constate M. Tanavoli, qui enseigne à Téhéran.

"Il y a une véritable fièvre, mais il n'y a aucune garantie que cela continue", dit la jeune Golnaz Afroz, âgée de 27 ans. Elle peint depuis 7 ans.

Son thème favori est les cafés parisiens, dont elle essaie de restituer l'ambiance sans jamais avoir mis les pieds en France. Ses tableaux se vendent aujourd'hui entre 300 et 500 euros contre une centaine précédemment. Une aubaine pour cette jeune artiste.


Guizella Varga Sinai Hafez et l'amour éternel

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