dimanche 20 décembre 2009

Wanted : les séries à l’heure américaine



A l'heure de la mondialisation des échanges, de nouveaux héros ont séduit la génération internet. Accros à 24, Heroes, Lost, Prison Break ou aux Desperate Housewives, au point de ne pouvoir supporter le décalage entre sortie américaine et programmation française. L'offre française se développe pour contrer le téléchargement illégal.

Il n’est pas inutile de rappeler le modèle économique d’une série TV. Le programme est financé par une chaîne de télévision qui espère faire de l’audience, afin de s’assurer la vente d’écrans publicitaires au meilleur prix. Du succès ou non de la fiction dépend sa reconduction. On a vu certaines séries n’ayant pas trouvé leur public être déprogrammées après quelques épisodes. Du succès à domicile de la série dépend sa vente aux chaînes étrangères. Vient ensuite la sortie du programme packagé sans publicité sur support DVD ou autre. Aujourd’hui s’ajoute la location en ligne.

Net, double impact
Internet agit comme un accélérateur dans cette logique. D’une part le « grand forum mondial » permet d’attirer l’attention sur les séries qui soudain ne sont plus considérées comme du sous cinéma. D’autre part les accros anglophones d’un « show » font tourner les enregistreurs numériques lors des « première » et les mettent en ligne. Le lendemain, l’épisode est disponible à l’autre bout du monde, bientôt sous titré par les teams bilingues des fan-club. Selon le cabinet d’études BigChampagne, les téléchargements illégaux sur les séries américaines se répartissent à égalité entre les USA et le reste du monde.

Hadopi, saison 1
Selon ce même cabinet, les séries sont plus téléchargées que les films. En tête en 2009, Heroes avec 55 millions de téléchargements, puis Lost avec 51 millions, suivis de 24, de Prison Break et de Dr House. Pas de surprise ici, pas plus que dans le profil du public téléchargeur : plus jeune que celui qui regarde le programme lors de la diffusion TV, attentif au buzz générationnel, et adepte des séries de genre. Bref, on retrouve la génération que l’on dit bouder la TV alors qu’elle la regarde… à sa façon. Pour contrer « le piratage » des séries, les recettes mises en œuvre sont les mêmes que pour la musique ou pour les films. Contrairement aux deux derniers secteurs, la loi Hadpi n’a pas été souvent évoquée à propos des séries, même si l’on se souvient des plaintes contre les sites de sous-titrage.

Heroes, the day after



A part la prévention/répression, l’autre levier d’action est donc de développer l’offre légale et de réduire le délai d’accès à la série convoitée, demande expresse des fans. Il y a deux ans, TF1 proposait de télécharger légalement les épisodes de la saison 2 de « Heroes », le lendemain de la première diffusion américaine, soit avant que les sous titreurs amateurs n’aient rendu leur copie. D’ailleurs pour saluer ces quelques initiatives de l’époque, certains sites en question avaient renoncé à publier les dits-sous titres.

TF1Vision, 48 heures chrono


Fin 2009 TF1Vision, le site VOD vient d’étendre cette initiative à d’autres séries dont elle a acheté les droits et qui pourront donc être visionnées avant que les téléspectateurs « classiques » n’y aient accès. Durée de la « location » : 48 heures. Tarif moyen pour un épisode exempt de toute publicité : 2 euros. Ce qui, ramené à une série comme 24, représente (vous me suivez ?) une addition de 2×24=48 euros.

M6VoD, les 35 heures
L’autre grande chaîne privée française de séries, qui a par le passé mené des opérations voisines, n’exclut pas de remettre le couvert, mais pour le moment propose une offre de téléchargement dite « illimitée » (en fait 35 heures mensuelles pour 5,99 euros) à travers M6VoD. Ces séries ont déjà été diffusées par la chaîne et relèvent d’une logique de télévision de rattrappage étendue.

Hulu, Band Of Brothers
L’arrivée possible d’un nouvel acteur pourrait donner un coup d’accélérateur à l’offre de téléchargement légal. Avec pour slogan « ni’importe où, n’importe quand » Hulu site de streaming créé par trois des quatre grands réseaux de télévision américains (NBC Universal, Fox Entertainment, ABC Disney) s’est fait connaître avec un modèle basé sur la publicité (comme à la télé) et par la diffusion de séries … inédites sur tout média. Mais il diffuse aussi les séries stars comme Heroes ou Prison Break… Il y a peu Hulu a fait savoir que la France était un marché qui l’intéressait. De quoi alimenter l’agenda commun de TF1, M6 et Canal+ qui n’entendent pas se laisser déposséder de leurs héros.

source : Hugo Bertrand

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